Une courte histoire de la danse Swing
La danse Swing désigne une variété de danses qui se sont développées principalement durant les années dites du swing, en même temps que le courant de jazz swing populaire des années 20 à 40. Il y eut durant cette époque des centaines de styles et des variations sur la danse swing. Les survivants les plus populaires sont le Lindy Hop, le (solo) jazz, le Balboa, le Shag Collégial et le Charleston. La danse swing la plus appréciée est le Lindy Hop, qui a évolué pendant la « renaissance de Harlem » au début des années 30 dans les fameuses salles de danse de Harlem telles que l’Alhambra, la Renaissance et sans doute la plus importante de toutes : le Savoy Ballroom. La légende veut que le Lindy a été créé par les danseurs George Snowden, dit « Courtey » et Mattie Purnell. Ils dansaient une sorte de Charleston où, toujours selon la légende, Courtey s’arc-boutait sur ses talons et swinguait son partenaire dans une position ouverte, un mouvement qui s’est appelé le breakaway. C’est de cette idée, couplée au changement des rythmes swing et jazz à la fin des années 20, début des années 30, qu’est né le Lindy. Le nom est donné en hommage à Charles Lindbergh, dit « Lindy » qui vient de traverser l'Atlantique, et fait le grand saut, "the big hop". De même que la musique swing s’est développée en s’inspirant d’autres formes de musiques, le Lindy Hop s’est déployé et a absorbé d’autres styles de danse. Parallèlement au Lindy, les danses jazz solo ont évolué, fortement influencées par le Charleston et les claquettes, de même que d’autres styles de l’époque tels que le Mambo – une danse qui s’est développée dans les communautés Américano-Cubaines du Bronx. Même si le terme de « danse jazz » a une signification différente à notre époque, au sein de la communauté swing, les danses solo jazz authentiques de l’époque swing sont communément appelées « solo jazz ».
Le groupe qui a popularisé le Lindy Hop à travers les Etats-Unis étaient les Whitey’s Lindy Hoppers – une troupe de danseurs - pour la plupart des noirs américains – du Savoy Ballroom de Harlem. Le noyau central se produisait partout dans le monde dans des endroits prestigieux tels que le Cotton Club à New York et le Moulin Rouge à Paris, de même qu’ils apparaissaient dans de nombreux films hollywoodiens de l’époque, notamment A Day at the Races et Hellzapoppin. Le Lindy était une danse de liberté et de libération pour la communauté noire américaine. Bien que le Lindy était supposé représenter « l’esprit américain », ses créateurs n’en étaient pas moins victimes de ségrégation et de discrimination. Des scènes qui exhibaient le talent des Whitey’s Lindy Hoppers étaient exclues des films lorsqu’ils passaient dans le sud des Etats-Unis, où les lois de ségrégation raciale « Jim Crow » étaient encore en application. Comme l’a dit Norma Miller, l’une des Whitey’s Lindy Hopper, et révérée Reine du Swing : « beaucoup voulaient s’approprier cette danse. Mais nous avions cet avantage… nous ne voulions pas qu’ils nous la prennent – eux, ils avaient tout le reste ».
Même si la majorité des danses de l’époque swing, telles que le Lindy Hop, le Charleston et le solo jazz, ont commencé dans les communautés Afro-Américaines, la musique et la danse swing ont déferlé à travers toute l’Amérique - grâce en partie au succès de musiciens tels que Count Basie, Duke Ellington, Benny Goodman et Artie Shaw – et d’autres communautés ont développé leur propre danse swing.
La danse Balboa a émergé durant les années 20 et a fortement évolué avec l’ascension du swing des années 30 et 40. Des danseurs du sud de la Californie se réunissaient dans la péninsule de Balboa, y apportaient les danses qui étaient populaires à Los Angeles ou Catalina, et envahissaient la fameuse piste de danse du Rendez-vous Ballroom. C’est dans cet espace confiné qu’est né le Balboa. A l’origine, le terme Balboa se référait à une danse caractérisée par la position fermée avec une connexion au partenaire par le buste. Avec le temps, l’influence d’autres danses swing a incorporé des mouvements de position ouverte et des tournants, ce qui a donné naissance au Balboa actuel ou Bal-Swing.
Une autre célèbre danse swing qui a ses racines dans le Charleston est le Shag Collégial. Une danse partenaire, le Shag est souvent pratiquée sur de la musique up-tempo jazz swing et pré-swing (180+ battements/minute). Son origine est moins clairement définie que le Lindy, mais elle semble être issue des communautés Afro-Américaines des Carolines du Nord et du Sud avant de se répandre à travers les Etats-Unis. Un ancien des Whitey’s Lindy Hoppers, Frankie Manning témoigne avoir vu danser le Shag au Savoy, le décrivant comme un Charleston avec connexion au partenaire et des coups de talons plutôt que des mouvements de swing des jambes. Ne pas confondre le Shag Collégial avec d’autres danses telles que le St Louis Shag et le Carolina Shag.
Après la seconde guerre mondiale, la popularité des danses swing a décliné par suite de l’introduction de taxes pénalisant la danse dans les nightclubs, et d’autres styles de danse devinrent plus populaires. De nouvelles danses dérivées du swing captivèrent l’attention du public. Toutefois, les danses telles que le Lindy, le Shag et le Balboa n’ont jamais disparu. Les communautés qui ont créé ces danses ont poursuivi leurs traditions et c’est grâce à elles que les danses swing se sont développées dans le monde. Dans les années 80, des danseurs en Suède et en Grande Bretagne ont contacté des membres du Whitey’s Lindy Hoppers, dont Al Minns et Frankie Manning, pour qu’ils leur apprennent les danses Lindy et solo jazz. Ces rencontres ont facilité le renouveau du swing grâce à un intérêt international renouvelé pour les danses des années du swing. Aujourd’hui, le Lindy Hop, le Balboa, le Shag Collégial, et d’autres danses de jazz authentiques sont pratiquées dans le monde entier, depuis le lieu de naissance du Lindy à New York City jusqu’à Séoul en Corée ; de Stockholm, en Suède, à Maputo au Mozambique ; et de Sydney, en Australie, jusqu’ici, en Belgique.